L'Atelier Photo
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2018 01 La nuit par Annie

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ATELIER D’ECRITURE   « ECRI’VET »  
A partir de photos de L'Atelier Photo / VET
sur le thème de LA NUIT
Déroulement de la séance :
Parmi les photos du club sur le thème de LA NUIT, l’animatrice en a retenu 8. Ces photos sont posées à l’envers sur la table. Toutes les 8 minutes une photo est tirée au sort, retournée et chacun écrit durant 8 minutes à partir de cette photo.
Consignes d’écriture
Il s’agit d’écrire 8 paragraphes d’une histoire qui se tient, chaque paragraphe correspondant à une photo et à un moment de la nuit. Chacun des paragraphes doit débuter par l’indication de l’heure à laquelle la scène se déroule.
Le récit doit commencer par un personnage qui sort de chez lui, de nuit.
20 h, je quitte mon appartement en claquant la porte « bing », tant pis pour le voisin. Je suis de mauvaise humeur et ai besoin de me défouler. Je passe devant la boîte de nuit du quartier où «  jeunesse se passe », lumières rouges, lasers, éclairs de la boule à facettes, trémoussement de la foule, cris et interpellations du DJ me donnent encore un peu plus l’envie d’étrangler mon voisin qui ce soir me tape vraiment  sur les nerfs. Du bruit, du bruit, encore du bruit, on ne s’en sortira jamais, j’aspire au calme « du calme »  ai-je envie de crier.
2h32, sur le trottoir je croise Éva clope au bec, tirant sur son taf avec « l’énergie du désespoir », enveloppée d’une douce fumée acre de menthol qui me fait lever la tête et m’approcher. Auréolée par les phares intermittents des voitures, son visage est marqué de crispations et ses yeux noirs cernés. Que lui arrive-t-il ?
Ça va ?
Bof je viens de m’enguirlander avec mon mec, alors je prends un peu l’air et essaie de me détendre avant de retourner au bercail.
Je me joins à elle et lui tape une gitane, la flamme faible et tremblotante du briquet a le pouvoir de me calmer instantanément.
23h, nous décidons d’un commun accord de faire quelques pas en direction du pont Battant. Les lumières dispersées le long des quais du Doubs lui donnent un air altier, apaisant et nous invitent à la flânerie. Nous nous arrêtons devant sa rambarde pour admirer le flot lent et paisible de l’eau. Notre tension retombe peu à peu.
Tu y crois toi à « la promesse de l’aube » ? me dit-elle.
Regarde tous ces cadenas comme autant de serments de fidélité accrochés çà et là, symboles d’un amour sans faille et d’un avenir rose. Le grillage risque de s’effondrer sous l’effet de leurs poids, comme ma relation avec mon conjoint et toi ton voisin.
Aller, « la nuit porte conseil » !
2h du matin, nous sortons bras dessous bras dessus du bar de l’Étoile où nous avons un peu « noyé notre chagrin ». Le reflet bleuté de l’immeuble voisin nous donne un air blafard, la rue est déserte…
Tu la vois toi, là sur le bord du trottoir, cette belle moto qui nous tend les bras ?
Regarde la clé de contact est dessus !
Pas de casque, tant pis il fait nuit et la police dort à cette heure ci.
Crois-moi nous allons nous faire plaisir et réveiller bien du monde en pétaradant et klaxonnant à qui mieux mieux dans les rues vides et désertes.
On fonce, la vie et la folie sont à nous !!
2h10, nous voilà parties «  tout feu tout flamme » zigzagant entre les arbres, passant sous la Porte noire, montant à fond vers la citadelle pour redescendre avec des cris de joie; waouh, quel pied ! J ‘ai l’impression d’avoir 20 ans.
Ivres de vitesse nous arrivons vers la passerelle bleue. Nous descendons de moto et nous laissons gagner par la quiétude qu’elle dégage. Des parapets ondulés dessinent un tableau que deux photographes s’empressent de saisir. Nous revenons sur terre, l’ivresse est passée mais cela nous a fait du bien.
4h52, nous ramenons discrètement la moto à sa place et profitons d’un banc placé juste là où il faut pour s’asseoir. La douce lumière tamisée des réverbères nous enveloppe, les enfilades de lampadaires sont comme autant d’étoiles scintillantes dans la nuit de la ville. Pas un bruit, juste nos deux souffles côte à côte, « l’instant magique ».
4h58, mais que se passe-t-il au loin, ce rouge vif, ces lueurs jaunes, ce crépitement, qui nous parviennent aux oreilles et nous mettent en alerte. Nous prenons la direction des étincelles et nous dirigeons aux bruits des sirènes. Une maison « espoir d’une vie » est en train de partir en fumée. Tant de souvenirs évanouis ! Il ne reste plus rien, que des pans de murs noircis et des poutres calcinées. Et nous que reste-il de notre fureur et colère du début de nuit ? Nous avons «  la vie devant nous ».
6h30, d’un pas tranquille nous nous en retournons chacune chez soi, l’esprit plus apaisé avec au cœur « demain est un autre jour », et que la vie est précieuse, que rien ne sert de pester contre le monde, fut-il notre irascible voisin. Cette escapade nocturne nous a ramenées à la raison, je garderai au cœur cette nuit pas comme les autres où la fenêtre éclairée de mon cabanon m’appelle vers un havre de paix.
                                                                                              Annie
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